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Le syndicat a perdu sa place de numéro 1 dans le privé. Son secrétaire général, Philippe Martinez, en analyse les raisons et invite à déployer pleinement la stratégie de la CGT


Représentativité syndicale. « La CGT doit être plus ouverte à l’ensemble des salariés »
La mesure de représentativité est tombée vendredi, la CGT s’est fait détrôner dans les entreprises privées par la CFDT. Comment l’expliquez-vous ?

Philippe Martinez
La première explication est notre implantation. Dans de nombreuses entreprises où nous ne sommes pas présents, les salariés n’ont pas de bulletin CGT. Il y a 500 000 salariés en France qui ont un bulletin CFDT dans leur entreprise et où la CGT n’est pas présente. Nous devons accélérer nos efforts pour nous déployer dans les entreprises. Ensuite, nous devons également être présents dans tous les collèges, en nous intéressant aux ingénieurs et aux cadres. Ce manque d’implantation ne doit pas être déconnecté de la répression syndicale. 80 % des salariés ont peur de se syndiquer. Et dans ceux qui subissent une forte répression, la CGT est en première ligne. La CGT doit être plus ouverte à l’ensemble des salariés et à l’ensemble des entreprises. Nous avions déjà commencé à corriger cela. Mais ça nécessite une mobilisation « générale » de l’ensemble des militants et syndiqués de la CGT.

N’est-ce pas aussi le résultat d’une baisse d’influence dans plusieurs entreprises comme chez Orange ou à la SNCF ?

Philippe Martinez
Ces reculs, qui ne sont pas si importants, ont pesé beaucoup dans le chiffre global. Lorsqu’on perd 2 % dans une entreprise de 100 000 salariés, ça fait beaucoup de voix en moins. Cela oblige à réaliser beaucoup de voix dans de nombreuses petites entreprises pour compenser cette perte. Enfin, le monde du travail continue de changer. À cela s’ajoute le million de privés d’emplois qui étaient salariés dans des secteurs où la CGT est bien implantée, comme l’industrie notamment. Mais lorsqu’on cumule public et privé, la CGT reste avec 24,27 % la première organisation syndicale.

Nombreux sont ceux, à commencer par la CFDT, à annoncer la victoire du camp « réformiste »… Est-ce que cela veut dire que le syndicalisme que vous incarnez notamment contre la loi travail n’a pas su se régénérer ?

Philippe Martinez
Là où les salariés peuvent voter CGT, le taux de participation dépasse les 60 %. Celui qui se risquerait à faire des conclusions hâtives sur la mobilisation de l’an dernier, à partir de ces résultats, se casserait les dents. Car nous avons eu de très bons résultats depuis. Chez IBM Montpellier, où les salariés sont majoritairement des cadres et des ingénieurs, nous avons fait un carton, 58 %. Et puis il y a eu la victoire assez symbolique mardi chez RTE. Une première application de la loi travail visant à faire passer en force un accord d’entreprise permettant plus de flexibilité et attaquant le temps de travail. La réponse des salariés a été très claire puisqu’ils ont rejeté les propositions de la direction, de la CFDT et de la CFE-CGC à 70 %. Tous les débats que nous avons pu avoir contre la loi travail sont venus éclairer ou en tout cas ont apporté les éléments d’explication aux salariés. Ce qui prouve que l’on peut consulter les salariés à la condition qu’il y ait le temps du débat, et l’année 2016 a été une bonne préparation.

Vous avez lancé une plateforme revendicative. Est-ce la suite de la mobilisation contre la loi travail ?

Philippe Martinez
Le mouvement pour un autre Code du travail n’est pas terminé. Nous voulons montrer que des alternatives sont possibles. Nous avons salué l’initiative des professeurs de droit qui ont rédigé un Code du travail qui est trois fois moins épais que l’actuel. Comme quoi, simplifier ne veut pas toujours dire moins de droits. Nous allons nous battre pour que la loi travail n’entre pas dans les entreprises. L’OIT vient d’accepter de recevoir la plainte déposée conjointement par la CGT et FO. Nous restons offensifs sur tous les fronts. On est loin d’avoir lâché quoi que ce soit.

Comment expliquez-vous que la mobilisation contre la loi travail ne se traduise pas aujourd’hui dans les intentions de vote à l’élection présidentielle ?

Philippe Martinez
La connexion entre mouvement social et alternative politique n’est pas forcément évidente. C’est la raison pour laquelle j’ai dit que les candidats n’étaient pas assez connectés avec la question du travail. Je sais que cela a pu en troubler quelques-uns mais, si j’en ai l’occasion, je le leur expliquerai, comme je l’ai fait quand j’ai rencontré Benoît Hamon. La question du travail est une question très particulière sur laquelle la CGT travaille depuis des mois et des années. Les contraintes de l’entreprise font que, aujourd’hui, les salariés ne peuvent pas bien faire leur travail, ce qui provoque de grandes souffrances. Et cette question, le moins que l’on puisse dire, n’est pas très perceptible dans la campagne, quels que soient les candidats. Parler de l’emploi et du chômage, c’est bien, parler d’investissements, certains le font, mais qui évoque la question de l’organisation du travail ? C’est ce qu’on essaie d’expliquer. Sans compter que cette campagne est troublée par les affaires. Il y a besoin d’une meilleure prise en compte des préoccupations du monde du travail par le monde politique.

Vous confirmez que vous ne donnerez pas de consigne de vote.

Philippe Martinez
Nous avons fait une déclaration qui alerte sur le danger du FN (voir l’Humanité Dimanche du jeudi 30 mars) et met en avant nos propositions, comme les 32 heures, l’augmentation des salaires et des pensions avec, comme référence, le Smic à 1 800 euros, un nouveau statut du travail et une sécurité sociale professionnelle… Nous nous félicitons que certains candidats aient repris certaines de nos propositions. Après, c’est aux citoyens de choisir.

Les négociations se poursuivent en Guyane. Quelle analyse portez-vous sur cette grève générale ?

Philippe Martinez
Les questions sociales sont importantes, mais c’est un mouvement bien plus large. La Guyane fait partie de ces territoires abandonnés par la République à tel point que des règles sociales élémentaires ne sont pas appliquées. Dans ces départements d’outre-mer, à Mayotte par exemple, le Code du travail ne s’applique pas. L’esprit colonial persiste. Les excuses sont tardives mais sont les bienvenues de la part du gouvernement. Nous avons envoyé un message de soutien à l’UTG (le syndicat majoritaire en Guyane – NDLR), où nous leur indiquions que nous étions disponibles, y compris s’ils ont besoin que nous intervenions auprès du gouvernement français.

La CFDT, premier syndicat dans le privé
Jusqu’à présent première organisation syndicale dans le privé, la CGT est passée à la deuxième place. La CFDT est arrivée en tête avec 26,37 % (+ 0,37 par rapport à 2013), près de deux points devant la CGT (24,84 %, – 1,92), suivie de FO 15,59 % (– 0,35), la CFE-CGC 10,67 % (+ 1,24 point), la CFTC 9,49 % (+ 0,19). L’Unsa 5,35 % (+ 1,09) et Solidaires 3,46 % (– 0,01), n’ayant pas franchi la barre des 8 %, ne sont pas représentatifs. Ils ne pourront pas participer aux négociations et conclure des accords au niveau national ou interprofessionnel. En réaction, Laurent Berger ambitionne désormais que la centrale devienne « première organisation syndicale tous secteurs confondus (public-privé) en 2018 ». La CGT, avec 20 000 voix d’avance, reste le premier syndicat en France.

Clotilde Mathieu
Journaliste à la rubrique social-économie
L'Humanité

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